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"La Maison", roman graphique

"La Maison", roman graphique
La Maison © Éditions Delcourt, 2016 - Paco Roca
Le roman graphique de Paco Roca "La Maison" se présente sous un format inhabituel, à l’italienne. Il offre au lecteur un récit complexe qui tient autant à l’organisation temporelle qu’aux émotions ressenties par les protagonistes. La difficulté de lecture sera levée par une grande attention aux indices proposés par le dessinateur. La narration alors maîtrisée révèle comment l’adulte se construit dans l’enfance, miroir inversé pour jeunes lecteurs confirmés. Des pistes d'exploitation pédagogique sont proposées en téléchargement pour découvrir cet album avec vos élèves.

La ligne claire de l’auteur espagnol Paco Roca dessine avec tendresse, une pointe d’ironie et une certaine mélancolie le portrait d’une famille dont le père, âgé, est mort : parce que l’organisation temporelle en est complexe, fondée sur des retours en arrière décalés dans le temps, La maison invite le lecteur à rechercher les indices qui lui permettront de situer les différents plans narratifs et de comprendre comment chacun des personnages s’y relie avec sa propre personnalité. En ce sens, l’album constitue un exercice privilégié de lecture, que permet une image sensible où chaque détail a son importance, mais où l’image ne dit pas tout.

Un an après la disparition d’Antonio le père, ses trois enfants, Vicente, José et Carla, qui ont chacun fondé une famille, se retrouvent dans sa maison de campagne pour une exploration de leurs souvenirs et pour décider de l’avenir de cette maison, aidés par leurs conjoints respectifs. Antonio avait mis beaucoup d’efforts dans la construction, souvent aidé de son épouse et des enfants lorsqu’ils étaient là. Il a aussi entretenu avec soin un jardin, dont certains arbres constituent des clés de compréhension de son histoire. Au fur et à mesure du déploiement de celle-là, chacun des protagonistes révèle des traits de son caractère, des éléments de ses souvenirs, mais aussi des moments de la vie du père demeurés obscurs aux autres. Le voisin Manolo, vieux témoin des dernières années d’Antonio, contribue à ce réveil des souvenirs ; il sera aussi celui qui conclut l’histoire, d’une façon très touchante. Le fils de Vicente, adolescent, écoute les souvenirs de son père et voit surgir les siens propres, puisqu’il a vécu petit garçon dans cette maison. La disparition du vieil homme n’est pas seulement envisagée du point de vue de l’enfant, comme dans de nombreux récits consacrés à ce thème, mais de celui des enfants que les adultes ont été, vivant au présent dans le récit. Le lien entre les générations ne repose pas sur les seuls souvenirs, il est cet élément fondamental dans la construction de chacun, ce que dit bien Carla, lorsqu’elle explique avec tristesse qu’elle aurait aimer voir sa petite Elena fréquenter davantage son grand-père.

La réflexion sur un certain différentiel culturel et social, son rôle dans une famille, sont également présents dans l’album : le père, un moment chauffeur de maître, a voulu que sa vie et celle de sa famille se rapproche de celle du riche fabricant du fameux touron de Jijona, qu’il conduisait partout. En raccourci, on pourrait dire que si le fils José a pu devenir écrivain – la ressemblance de José avec la photo de Paco Roca fait du roman un récit autobiographique -, c’est parce que le père a voulu avoir une pergola devant sa maison, comme celle qu’il admirait chez s...

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