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Entretien

Charlotte Poussin : L'une des missions est d’observer l’enfant

Pédagogie Montessori
© GSphoto / Adobe Stock
Éducatrice Montessori diplômée de l'Association Montessori Internationale (AMI), Charlotte Poussin a été directrice d'école Montessori jusqu'à la naissance de son cinquième enfant. Elle est membre du conseil d'administration de l'association Montessori de France (AMF), affiliée à l'AMI. Après douze ans d’enseignement à l’étranger, elle écrit le livre "Apprends-moi à faire seul, la pédagogie Montessori expliquée aux parents" (Eyrolles) pour faire mieux connaître celle-ci en France. Elle est aussi l'auteur du "Que sais-je ?" sur "La pédagogie Montessori" (PUF) qui vient d'être publié.

Quels sont les principes de la pédagogie Montessori ?

Charlotte Poussin : Maria Montessori, italienne, une des premières femmes médecin au début du 20e siècle, a observé que les enfants ont des besoins spécifiques ; ils ont besoin d'une relation de qualité, d’ordre, de mouvement libre, d'un langage riche, d'expériences sensorielles multiples et de précision. Elle a ainsi défini six "périodes sensibles" que l’enfant traverse entre zéro et sept ans et qui sont des phases d’acquisition et d'auto construction pour lui qui a un esprit absorbant. Il a aussi un grand besoin de se concentrer et de suivre ses élans. 

La pédagogie Montessori s’appuie sur plusieurs principes : le libre choix des activités, de leur durée et du lieu où on les fait, si on les fait seul ou à plusieurs avec la contrainte de ne pas l’abandonner et de prendre soin de l’environnement parce que l’ambiance générale y est propice.

Deuxième principe : le respect du rythme de chacun, de l’activité individuelle et de l’apprentissage expérimental. Les enfants sont stimulés mais il ne s’agit pas de les pousser, jamais de notion d’être en retard ou en avance, c’est une pédagogie très personnalisée. 

N’est-ce pas compliqué pour les plus jeunes, par exemple, de se discipliner ? 

C.P : Les jeunes enfants se disciplinent progressivement parce qu’ils sentent que c’est bon pour eux. En fait, les principes précédents débouchent sur l’autodiscipline, qui développe leur capacité à s’auto-motiver et s’auto-évaluer. Un autre principe est le mélange des âges au sein des niveaux, de trois à six ans et de six à douze ans. L’activité individuelle est surtout vraie pour les trois/six ans. Lorsque les enfants ont entre six et douze ans, ils font beaucoup plus d’activités en petit groupe mais l’approche de l’enseignant reste toujours très adaptée au besoin de chaque enfant, dans une relation individualisée. C'est parce que l'enfant se sent respecté dans ses besoins profonds qu'il devient lui-même respectueux. 

On parle beaucoup de l’importance du matériel dans cette pédagogie…

C.P : Maria Montessori préconisait un environnement préparé et adapté en fonction des besoins de chaque tranche d'âge, où les enfants choisissent librement leurs activités. Elle considérait que c’est le matériel qui enseigne à l’enfant et non pas l’enseignant qui utilise le matériel pour enseigner à l’enfant. Le matériel se substitue à l’enseignant. Il n'est pas un but en soi pour autant et ne se suffit pas à lui-même ; c'est un point de départ, un tremplin qui permet à l'enfant de cheminer vers l'abstraction en appréhendant des concepts isolés et rendus concrets. Mais il est surtout...

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