Trois ans après la mise en place de la réforme des rythmes scolaires, quel bilan en faites-vous ?

Claire Leconte : Avec le recul que nous avons, j’estime que la réforme des rythmes scolaires a une seule qualité : celle d’avoir ajouté une matinée pour les apprentissages puisque le matin est le moment de plus grande qualité cognitive pour les enfants. Il était important de la rajouter mais il aurait été plus important de préparer à l’utilisation de cette cinquième matinée. Or, on a oublié de former les enseignants.

La plupart des communes que j’ai accompagnées n’ont appliqué les nouveaux rythmes qu’en 2014 parce qu’elles voulaient prendre le temps de mettre en place les formations. Dans les 560 interventions que j’ai faites auprès des communes depuis 2013, j’ai toujours revendiqué que les matinées soient plus longues que les trois heures actuelles. On sait que des matinées plus longues sont très efficaces pour améliorer les apprentissages en ajoutant d’autres matières que les maths et le français. Je me bats contre la cinquième séance de ces uniques matières dites principales.

Vous ne souhaitez pas renforcer ces compétences ?

C.L. : Au contraire. Mais l’enfant n’apprend pas à lire et à compter qu’à travers les maths et le français. Le rapport de l’IGEN, publié voici quelques mois, pointe la mise en difficulté de disciplines comme la musique, le dessin, matières où on met en jeu la créativité. Quand on a des matinées plus longues, on peut introduire ces disciplines. Je travaille avec les enseignants pour leur montrer l’intérêt de l’alternance pédagogique de matières-respirations avec des matières plus coûteuses sur le plan cognitif ainsi que les liens qui peuvent alors être faits entre elles, ce qui est utile à l’acquisition de transferts d’apprentissage.

J’ai également mis en place des parcours éducatifs grâce au décret Hamon qui en libérant une après-midi permet de faire ce type de projet. Nous avons des matinées qui oscillent entre 3h30 et 3h45. Tous les après-midi durent 2h10 : trois sont consacrés à l’enseignement et un est dédié au parcours éducatif.

En quoi consiste-il ?

C.L. : Il s’agit d’un parcours avec des objectifs variés à atteindre permettant aux enfants de découvrir les potentialités tant motrices que cognitives qu’ils ont. Les animateurs, sur la base des expertises qu'ils possèdent, construisent une succession de temps d'activités, sur un thème donné, sur six ou sept semaines, parfois un trimestre. Ainsi les enfants évoluent dans les apprentissages qu'ils font, que ce soit sur du jardinage ou de l'éducation à la citoyenneté ou du hand-ball ou des arts plastique, etc. 

J’insiste auprès de...