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Analyse

Combattre les inégalités linguistiques

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Les programmes scolaires depuis 1995 placent le langage au cœur des apprentissages, rappellent qu’il est le pivot des apprentissages et qu’il y a lieu de le mobiliser dans toutes ses dimensions. À l’école, l’enfant ne peut plus compter sur la connivence tissée avec ses proches ; il apprend, grâce à des personnes n’appartenant pas à son environnement familial, à communiquer sans le recours à des stratégies autres que le langage oral. Hormis la correction syntaxique et lexicale, il lui est demandé de développer un langage en contexte social, dont le propre est de tenir compte du contexte et de la personne à qui s’adresse le message.

Le langage social participe à la découverte de l’altérité, à la rencontre de cet autre que l’enfant côtoie, qui ne pense pas comme lui et qui lui fait savoir. Selon Alain Bentolila1, la langue est faite pour combler la distance qui nous sépare des autres. Échanger des informations, mais aussi d’exprimer des sentiments et des émotions, partager une langue commune, participe au mieux vivre ensemble et sous-tend le devenir citoyen.

Des objectifs d’apprentissage ambitieux

L’expertise de l’enseignant est requise pour aider l’enfant à opérer une décentration, àmettre à distance ses expériences sur le monde sensible, à faire exister les objets absents et à user du langage scriptural qui distingue ledire du faire. L’usage du langage oral réflexif conditionne le passage des savoirs de la vie courante aux connaissances. Il structure et clarifie la pensée, favorise l’émergence de concepts.

L’école maternelle a pour objectif de familiariser l’enfant avec les différentes fonctions communicatives, de l’aider à apprendre à produire différents types de discours et à en maîtriser les règles. L’enfant découvre alors que la maîtrise du langage lui confère le pouvoir d’exprimer son point de vue, de faire valoir sa pensée, de s’affirmer en tant qu’être singulier, de penser et de maîtriser les objets de la connaissance. À l’école, la parole est autant apprentissage que vecteur d’apprentissage. À regarder comment le langage fonctionne pour l’améliorer. Tout au long de la scolarité, il lui sera demandé de considérer le langage comme objet d’étude et de développer cette capacité de distanciation cognitive sur le langage.

La langue de l’école

L’enseignant est donc invité à faire de la classe maternelle un espace d’acquisition du langage. Or si le langage se réfère à des facultés psychologiques permettant à tout être vivant de communiquer à l’aide d’un système de communication, la langue, elle, est le résultat d’une convention sociale transmise par la société à l'individu. La scolarisation conduit l’enfant, non seulement à développer un langage fonctionnel pour comprendre et se faire comprendre, mais aussi à se confronter à un milieu caractérisé par des codeset des règles. L’élève apprend la norme culturelle de l’école au moyen de la langue scolaire ou langue de scolarisation.

Prendre en compte les inégalités linguistiques

Pour expliquer les difficultés des élèves à maitriser le langage oral, on incrimine très souvent leur pauvreté lexicale, trop rarement leur pauvreté syntaxique, mais jamais la réception de la langue de scolarisation. Et, parmi les savoirs considérés comme acquis à l'entrée à l'école maternelle et ne faisant pas...

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