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Sylvie Plane : Bilan des nouveaux programmes d’école maternelle par les enseignants

Sylvie Plane : Bilan des nouveaux programmes d’école maternelle
© DR
Professeur des universités en sciences du langage, Sylvie Plane est la vice-présidente du Conseil supérieur des programmes (CSP) où elle s’est particulièrement investie dans l’élaboration des nouveaux programmes des l’école maternelle. Elle fait le point un an après leur mise en place.

Quel bilan faites-vous un an après la mise en place des nouveaux programmes en école maternelle ?

Sylvie Plane : Il n’y a pas eu d’enquête du CSP à proprement parler mais de nombreux témoignages informels en direct et remontés par les inspecteurs. De manière générale, les réactions des professeurs des écoles maternelles ont été très positives. Ils apprécient le fait que l’école maternelle soit prise en considération dans sa spécificité, qu’elle ait sa propre finalité et qu’elle ne soit pas uniquement une préparation à l’école élémentaire. C’est un point essentiel pour les enfants qui vivent des transformations très importantes à cet âge-là, entre le milieu familial et l’école.

Autre satisfaction, les enseignants nous ont dit que les programmes avaient été faits par des gens qui connaissaient bien l’école maternelle. Et le fait que ce soit une école bienveillante, le terme est dans la loi, que ce soit inscrit, a conforté les enseignants.

Enfin, ils nous ont parlé de la légitimation du jeu qui a longtemps été considéré comme une perte de temps. Nous l’avons réhabilité en expliquant que c’était une des quatre modalités d’apprentissage de l’école maternelle, un terrain d’exploration dans lequel l’enfant apprend les rôles sociaux et découvre les règles. Par ailleurs, le jeu permet d’ouvrir un dialogue avec les parents.

Et quels sont les retours plus négatifs ?

S.P. : Parmi les points qui paraissent plus difficiles à mettre en œuvre, les enseignants ont soulevé le fait que ce sont des programmes dont les exigences concernent tous les domaines. Le principe leur plaît mais la mise en œuvre leur semble assez difficile, en particulier la partie qui concerne le développement artistique, assez exigeante. Il ne s’agit pas que les enfants ne fassent que pratiquer, on attend aussi qu’ils comprennent.

En mathématiques, les textes ont souligné certains points à propos desquels les professeurs avaient déjà des intuitions mais dont ils n’avaient pas perçu toute la dimension. Le fait, par exemple, que le nombre ait deux fonctions, qu’il exprime une quantité et un rang, semble naturel mais le dire dans les programmes met l’accent sur des confusions sur lesquelles leur attention n’était pas toujours attirée. Cela incite à beaucoup plus de vigilance.

La partie sur le langage a toujours été une préoccupation majeure. Les enseignants ont beaucoup d’outils qui leur sont proposés et sont contents d’avoir des réponses claires sur le rôle tracé cursif et celui de l’apprentissage des lettres. La vraie difficulté, à mon avis, est liée à l’expérience des enseignants.

Les nouveaux programmes ne conviennent-ils qu’aux enseignants expérimentés ?

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