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Analyse

Art et fait religieux en arts visuels et histoire des arts

Art et fait religieux en arts visuels et histoire des arts
© Giancarlo Liguoni/Shutterstock
La mise en relation de la pratique des arts visuels avec l’enseignement de l’histoire des arts peut permettre une approche du sens et des concepts fondamentaux des religions tout en respectant la neutralité que la laïcité exige.

En Europe, la quasi-totalité des oeuvres majeures peintes et sculptées du Moyen Âge à la fin des Temps Modernes ont été créées pour les puissants, monarques ou clercs presque tous catholiques. Les autres religions dominantes, juive et musulmane, ont globalement suivi la loi de Moïse interdisant la figuration des personnages sacrés, jusqu’à aujourd’hui. Ainsi, étudier une grande oeuvre ancienne à l’école revient presque toujours à illustrer la religion chrétienne catholique. Cela ne va pas de soi dans un contexte éducatif laïque qui souhaite ne pas contourner ces pans fondamentaux de la culture humaniste tout en ne privilégiant aucune religion. Outre la recherche d’un temps d’étude équilibré entre (au moins) les trois religions issues de la Bible (juive, chrétienne, musulmane), le passage par le regard et la pratique de la discipline “arts visuels” peut permettre d’approcher des invariants spirituels humains sur la longue durée, et de faire valoir ce qui rapproche les diverses religions plutôt que ce qui les différencie.

Architecture et observation : le végétal
Les formes classiques du temple grec, modèle architectural par excellence en Occident, ont été à l’origine dictées par les impératifs de la construction primitive en bois. Les célèbres colonnes cannelées de marbre ont pour ancêtres des troncs d’arbres rectifiés par des coups d’herminette inscrivant à leur surface des cannelures. Du végétal, cette religion éteinte ne nous montre que les feuilles d’acanthe des chapiteaux corinthiens, mais en réalité il est présent dans l’âme même de ses formes archétypales. En Europe, toutes ces formes antiques se retrouvent ensuite dans l’architecture chrétienne, qui les a assimilées dans les colonnes, les chapiteaux, ainsi que dans les décors des vitraux des églises. En Afrique du nord et en Turquie, on les retrouve également, mêlées aux linéaments des entrelacs et des arabesques de la calligraphie des mosquées. Dans tous les cas, cette prégnance du végétal s’est accommodée aisément des divers types de religions, puisqu’elle connote avant tout la renaissance de la vie ainsi que l’enracinement et le lien (bourgeons, fleurs, racines, lianes, vrilles, rhizomes), autant d’éléments symboliques en accord parfait avec la définition même du mot religion. La colonne d’une cathédrale rappelle un arbre et, au-dessus du chapiteau souvent orné de feuilles, les nervures des voûtes en forment les branches. Ces formes sont souvent reprises dans les mosquées. Dans les deux cas, entrant dans l’édifice religieux, on pénètre dans une forêt pétrifiée, qui n’en est pas moins une forêt de symboles, tous tendus vers l’expression et la louange de la vie.

Peinture et pratique : la majesté
La découverte d’une oeuvre, en histoir...

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