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L’aventure créatrice du détournement d’objets

L’aventure créatrice du détournement d’objets
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Dans l’univers des enfants, les objets ont un statut particulier, la dimension symbolique fait d’eux des partenaires privilégiés pour le jeu, l’imagination et l’invention… Faire entrer les enfants de maternelle dans une démarche de création à partir des objets de récupération va donner une deuxième vie aux objets en portant un nouveau regard sur eux !

En introduction à cet article, permettez-moi un rapide retour historique et, sans remonter au paléolithique, revenons aux années 1910-1920, période féconde s’il en fut. Picasso incorpore en 1912 un objet réel (un morceau de toile cirée et un cordage) dans son tableau Nature morte à la chaise cannée et démontre donc pour la première fois que désormais un tableau pourra accueillir tous les fragments de la vie réelle. Entre 1914 et 1917, Marcel Duchamp bouscule le concept d’oeuvre d’art en déclarant "oeuvres" un objet de tous les jours mis en scène (roue de vélo) puis simplement posé comme tel (Fontaine). Kurt Schwitters, en 1919, crée un mouvement, sans idée de message politique ou esthétique, intitulé Merz mouvement qui cherche à s’approprier les rebuts de la société industrielle et urbaine, faisant entrer la réalité quotidienne dans l’art. Le mouvement est en marche, l’objet prend sa place dans la création et avec lui les notions de déchet de récupération.

Rendre désirables les objets de consommation !
Objets de rebut, objets jetables… les objets de consommation sont en effet à "consommer" car consommer c’est utiliser une matière première, c’est amener à son terme, c’est transformer et s’approprier. Qui plus est, si l’on prend l’adjectif au pied de la lettre, ce qui est consommé est parfait et de grande qualité. Beaucoup d’artistes utilisant la récupération sont souvent à l’origine dans une démarche d’artisan, voire d’ouvriers par leur maîtrise technique et également par les notions d’effort, d’endurance et salissures. Leurs compétences en menuiserie, soudure, métallurgie… les conduisent à créer à partir de matériaux et techniques plus près de l’usine et de l’industrie que de l’Art, sorte de revirement ; l’objet industriel devient objet d’art parce que sa destination devient autre, de fonctionnel et multiple il passe au statut d’objet esthétique et rare. Voilà bien l’une des questions fondamentales : comment rendre désirables, dignes d’intérêt, voire sensuels ces matériaux de consommation, pauvres et destinés à la poubelle ? Or les objets "fichus" possèdent une forme pour peu qu’on les regarde autrement. Pour leur démarche, je vous invite à voir, entre autres, le travail du sculpteur Marcoville, ou celui d’Yves Carrey qui est soudeur à la base, ou encore celui de Bernard Bovagnet, et bien sûr celui d’Ambroise Monod. Pour tous ces artistes, de l’énergie, de la plasticité et surtout du sens émergent des objets qu’ils réutilisent.

Les enfants et les objets "déchus"
Dans l’univers des enfants, les objets ont un statut particulier, la dimension symbolique fait d’eux des partenaires privilégiés pour le jeu, l’imagination et l’invention. À l’école, l’important sera le stock, la récupération qui en...

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