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Analyse

"Le temps" pour les enfants ?

"Le temps" pour les enfants ?
Représentation schématique du modèle de traitement de l’information temporelle de Gibbon, Church et Meck (1984).
Aborder la notion de temps chez le petit enfant invite à s’interroger sur la double notion de temps objectif et temps subjectif et sa perception, puis sa structuration chez cet être en construction.

"Le temps"… de quoi parle-t-on ?
"Il est 7 h 30, nous sommes lundi et nous allons être en retard pour l’école…" L’homme se borne à ces unités de temps, un découpage du temps qu’il a créé et formalisé de toutes parts, pour que chacun vive en société sur la base de repères communs. Ce temps, régi par les horloges physiques, par des montres, constitue le temps objectif, un temps immuable commun à tous. Néanmoins, les psychologues – et avant eux les philosophes – considèrent aussi un autre temps, un temps subjectif. Ce temps subjectif est alors propre à chacun et renvoie à notre expérience du temps qui passe. Ce temps est régi par ce que les scientifiques appellent une horloge interne, un mécanisme inhérent au fonctionnement du cerveau humain. Ces deux types de temps sont bien évidemment intrinsèquement liés : le temps subjectif est une évaluation du temps objectif, et notre conscience de l’existence d’un temps objectif influence notre sentiment du temps qui passe. Face à cette dualité du temps, poser la question du temps chez l’enfant soulève de facto deux questions : quand et comment l’enfant arrive-t-il à se repérer avec les unités de temps de sa société ? Quand et comment l’enfant expérimente-t-il le temps de manière subjective ?

Le temps objectif
Le système de représentation du temps que l’adulte possède, maîtrise et parfois subit, n’est en fait qu’un découpage arbitraire du temps qui s’écoule autour de nous (la seconde, l’heure, la journée, la semaine, les saisons…). Face à un tel système, l’enfant ne peut acquérir ces différentes représentations que par un apprentissage par instruction qui va s’avérer relativement long. Il faut bien comprendre que l’enfant va devoir apprendre à donner du sens à ces unités abstraites de temps.
Aussi, pouvons-nous dire que si l’enfant apprend les jours de la semaine très tôt (vers 5 ans), ce n’est pas pour autant qu’il sait s’orienter dans ce découpage conventionnel. Il s’avère que l’enfant récitera cette liste de la même manière qu’il récitera une série de lettres de l’alphabet. Sa connaissance de ce temps n’est alors que sous forme d’une séquence verbale, représentation encore bien mal élaborée pour pouvoir se localiser dans la semaine, ou localiser une journée par rapport à une autre. En fait, les psychologues considèrent qu’à cet âge, et cela encore jusque vers 8 ans, l’enfant n’a pas de notion abstraite du temps. Il ne pense pas le temps, il le vit. Des travaux de Sylvie Droit-Volet de l’université Blaise Pascal à Clermont-Ferrand suggèrent que, pour l’enfant, le temps est intrinsèquement lié aux activités qui remplissent ce temps, le ponctuent. Le temps est donc ici multiple, inextricablement lié aux activités, aux événements concrets ; la r...

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