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Entretien

L’imaginaire de l’expérience

L’imaginaire de l’expérience
Christiane Herth est professeur agrégée d’arts plastiques, et formatrice à l’IUFM Université Paris Sorbonne. DR
Après avoir distingué imaginaire et imagination, Christiane Herth explique dans cet entretien pourquoi l’on ne saurait restreindre l’imaginaire à l’artistique.

Qu’est-ce que l’imaginaire ?

Christiane Herth : Dans un pre­mier temps, il convient de distin­guer l’imaginaire de l’imagination. Le terme d’imagination désigne à la fois un processus – l’action d’imagi­ner – et une capacité de l’individu. Selon les époques et les cadres théo­riques, la définition a varié, s’accom­pagnant d’autres notions comme celles d’inspiration, d’imagination créatrice, de génie créatif ou encore d’originalité. Aujourd’hui nous parle­rons plus volontiers de créativité que d’imagination. Nous empruntons à Todd Lubart, auteur de nombreux travaux et ouvrages sur le sujet, une définition consensuelle de la créati­vité : elle est la “capacité à réaliser une production qui soit à la fois nou­velle et adaptée au contexte dans le­quel elle se manifeste”. Depuis la se­conde moitié du xxe siècle, les études sur la créativité se sont multipliées, avec pour objectif de comprendre et évaluer la créativité et les conduites créatives. Les recherches récentes portent notamment sur les liens entre la créativité et les différents types de motivation, sur l’impact des états émotionnels et de l’environ­nement sur le développement des capacités créatives.

L’imaginaire, quant à lui, désigne à la fois la source dans laquelle l’ima­gination peut puiser et le produit de l’imagination. C’est un domaine, un répertoire de représentations, de significations, de ressources. On dis­tingue communément deux niveaux d’imaginaire, l’un à l’échelle de l’indi­vidu, l’autre du collectif. L’imaginaire individuel est celui qui nous occupe au premier chef dans le contexte édu­catif. Il s’agit d’un espace personnel mais ouvert sur l’imaginaire collectif et sur le réel avec lesquels il est dans une relation dynamique. En constante construction, l’imaginaire individuel se nourrit, s’élargit et évolue.

Pourquoi développer l’imagi­naire à l’école ?

C. H. : Parce que le développement des potentiels de l’individu et l’ima­ginaire sont liés dans un double mouvement. C’est dans l’expérience, dans l’action, qu’on apprend et cet apprentissage a du sens parce qu’il prend en compte et fait évoluer les explications du monde que l’enfant s’est construit et qu’il remettra en jeu dans l’expérience. Un point me semble essentiel à préciser ici, c’est que le développement de l’imagi­naire n’est pas lié à un champ spéci­fique. Quand on pense imaginaire et imagination, le premier mouvement est de se tourner vers les activités artistiques, vers l’image et le visuel. L’expression artistique est certes un lieu privilégié de l’imaginaire et de sa mise en jeu...

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