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L’Art et le Chat. Philippe Geluck

L’Art et le Chat. Philippe Geluck
Le Musée en Herbe vient de s’installer non loin du Louvre, et inaugure de beaux locaux avec une réjouissante exposition : elle invite les publics de 3 à 103 ans à la rencontre, complice et critique, entre le Chat de Philippe Geluck, et quelques maîtres, jalons de l’histoire de l’art. Ne nous y trompons pas, il ne s’agit pas d’un amusant détournement de quelques œuvres, mais plutôt d’un face à face qui donne à voir, à réfléchir, à rire ! Les classes éloignées de l’Île de France pourront travailler l’album éponyme que vient d’éditer Casterman.

Le regard mordant que Philippe Geluck porte sur notre monde à travers le personnage de son Chat est connu de beaucoup. On pouvait en revanche ignorer qu’il éprouve un "frisson absolu" pour certaines œuvres, peintures ou sculptures, et qu’il aime à les intégrer à l’univers du Chat. Sylvie Girardet, fondatrice du Musée en Herbe, a proposé à Philippe Geluck ce défi : mettre en regard le Chat et les tableaux réels sur lesquels il pose des yeux amoureux, émus, mais aussi amusés. Si Mona Lisa n’a pu quitter sa cimaise, d’autres œuvres trouvent, dans cette excellente installation, une place de choix aux côtés des tableaux que Geluck a conçus pour l’exposition : le tableau qui accueille le visiteur le dit bien, nous entrons dans une "grande famille", où se côtoient Picasso, Magritte, Munch, Keith Haring, et le Chat. Quelques œuvres importantes ont été prêtées pour l’occasion : un magnifique Soulages dont la noire majesté fait écho aux noirs et blancs d’une belle œuvre de Dubuffet, un petit Magritte se cache non loin d’un grand Vasarely, et Lichtenstein s’apprécie avec le bleu de Klein au coin de l’œil. Oui, l’installation est excellente, ne se contentant pas d’une mise en relation des œuvres de Geluck et des maîtres dont il s’inspire : à la manière de certains musées (celui du Centre Sainsbury à Norwich, par exemple), elle provoque la réflexion et la question. Que serait, par exemple, un monde repeint dans le bleu Klein, comment comprendre la force de certains thèmes dans la peinture, tel celui de Saint Sébastien, comment faire de la Vénus de Milo le support amusé de quelques flèches envoyées aux mythes de la modernité ? Et dans tout cela, on note l’évocation légère de ce monde belge auquel l’artiste appartient : de la pomme verte de Magritte au toupet de Tintin, en passant par le bel hommage à Alechinsky, la dette artistique au plat pays est grande.

Les adultes visitant l’exposition noteront une saturation du sens qu’il conviendra de faire partager aux enfants. Mais cela ne se pourra qu’au terme d’une préparation adaptée, qui permettra aux enfants de comprendre pleinement ce que l’artiste veut montrer. Le Chat se trouve ainsi au cœur de situations plastiques qui renforcent (l’essayage de costumes du Chat et le Vasarely), soulignent (la porte surréaliste de Magritte), donnent un nom (l’art brut au sens propre) ou détournent l’œuvre mise en regard (Le Cri de Munch est devenu un rire). Le visiteur se laissant simplement absorber et amuser par les correspondances prend aussi un grand plaisir. Les enfants circulant parmi les œuvres notaient des détails qui leur plaisaient, sans nécessairement saisir l’ironie ou les correspondances. Leur plaisir était visible, c’est l’essentiel. Mai...

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