Partager
Articles
élémentaire

Hergé

Hergé, bande dessinée, Grand Palais, exposition, art
Hergé @ Adagp, Paris, 2016 © Hergé-Moulinsart
Le père de Tintin, ce pur vecteur de l’aventure selon Benoît Peeters, a les honneurs du Grand Palais. Tintinolâtres et Tintinophiles s’y retrouveront étonnés. Le travail préparatoire des bandes dessinées, les essais de peinture, la publicité, le graphisme des lettres, toutes les facettes du talent de Georges Rémi sont présentées, dont la moindre, dans les débuts, était paradoxalement le personnage de Tintin. Tintintophobes s’il en est, s’abstenir.

Dans ce Grand Palais consacré aux expositions d’exception, la bande dessinée n’avait jamais eu le droit d’entrer. Parce que Georges Rémi avait un talent exceptionnel dans ce domaine (et dans bien d’autres), la RMN-GP et le Musée Hergé lui consacrent une exposition dont l’intérêt ne se limite pas à Tintin seul, même s’il en constitue le pivot et la raison d’être. En effet, au fil de la déambulation se révèle un des aspects les moins connus d’Hergé, son travail de graphiste publicitaire que de nombreuses affiches, ainsi que les lettres qu’il a créées, illustrent. Ainsi sommes-nous amenés à mieux connaître le fabuleux dessinateur, à comprendre ce qui le guidait, à saisir la complexité de ses engagements. À interroger sur de nouvelles bases les poncifs ou les préjugés qui entourent l’œuvre et l’homme.

À différentes époques, depuis 1930, mais surtout après la Seconde guerre mondiale, jusqu’à aujourd’hui, les adultes offrent aux enfants les albums de Tintin : le héros est toujours le même, ses comparses aussi, et rien ne semble démodé ou vieilli, comme si le Tintin de 1930 avait un secret de jouvence qui laisse l’identification se faire toujours de la même façon quelque huit décennies plus tard. Contre la brièveté des objets de mode de notre temps, la pérennité de l’œuvre assure de façon providentielle un lien entre les générations, et entre les continents (en témoigne son succès en Chine). Dans le même temps, les thèmes que les albums traitent, politiques notamment, déclinent toujours la même étonnante actualité (inversée, en ce qui concerne Tintin au Congo). Celui qui se souvient de Basil Bazaroff vendant des armes à deux républiques ennemies (et qui a appris depuis que le modèle de Bazaroff était un Zaharoff grec bien réel) voit bien que rien n’a changé en termes d’enjeux financiers dans les guerres qui se déchaînent dans le monde d’aujourd’hui. Si les héros restent les mêmes, la lecture change avec l’âge du lecteur. L’enfant voit dans L’Oreille Cassée ou dans Le Temple du Soleil une énième aventure du héros auquel il peut aisément prêter sa propre voix (fille ou garçon d’ailleurs), puis l’adolescent et l’adulte retrouvent ce même héros dont la parole et le courage valent aussi pour aujourd’hui, porteur d’interrogations toujours aussi actuelles. Il n’est pas jusqu’aux difficultés contemporaines entre la Chine et le Japon qui ne trouvent une explication dans Le Lotus Bleu.

Le plus intéressant sans doute dans cette exposition, même pour ceux qui pensaient tout connaître du monde de Tintin, est ce qu’elle permet d’apprendre : l’incroyable somme de travail préparatoire aux lisses images de sa ligne claire, l’enchaînement véritablement cinématographiqu...

Je crée mon compte et j'obtiens 10 crédits
J'y vais
0 commentaire(s)